Les valeurs véhiculés par le rap


                                                 Histoire




                        Lorsque l’on parle de rap, en 2018 la première chose venant a l’esprit dans le sens commun est la démonstration ostentatoire des rappeurs par rapport à la richesse, des bijoux, des voitures de sport, des femmes de petites vertus et j’en passe. Cependant, il est important de réaliser un retour historique sur ce qu’est le rap, son essence propre et ses vertus.

Le mouvement hip hop a vu son essor dans le début des années 70 avec le breakdance, les graffiti, le beat boxing et le rap . Entre incompréhension et anathèmes constant, les médias ainsi que le citoyen lambda se cantonneront aux premières facettes de ce mouvement, donc à la surface émergente, il est important de notifier que le hip-hop avant le rap s’est développer dans un climat de grande austérité et d’extrême pauvreté aux Etats Unis à la suite de la fin de la période iconique d’essor économique d’apres guerre donc de 1945 à 1970.

 Les américains et surtout les personnes issues de minorités tel que les noirs et les latinos subissent de pleins fouet la misère sociale et le début de la grande desintrualisation américaine. Il se développe donc naturellement de la criminalité et des réseaux illicites de prostitution et de trafic de drogues.
On remarque donc que des lieux comme le Bronx ou Harlem très pauvre regorgent de musicalité grâce à des pionniers tel que Kool Herc. Kool Herc qui eut l’idée de faire des soirées notamment en implantant des enceintes sur le toit des voitures et les appelant Block Party. Toutes les ethnies du Bronx furent donc réunies pour célébrer le mouvement hip hop. Les premiers MC vont se dégager de cette sphère ambiante grâce au développement des routines (lorsque les rappeurs échangent entre eux dans un freestyle pour donner de l’interaction) et le sampler.

Le sampler étant un appareil permettant de reprendre une partie d’un morceau pour la faire tourner sur quatre mesures lors du début des années 80. A l’aube des années 90, le MC grandmaster flash drop (lache) le morceau « The Message » qui est un morceau inaugurant le rap « conscient » et le popularisant. Des artistes tel que Big Daddy Kane, Big L, Nas, Public enemy et d’autres émergèrent donc. Ce furent des artistes prônant le port d’arme, les revendications sociales pour les noirs ainsi qu’une dénonciation des injustices.


Sampler



                                                                            Valeurs



Le rap se corrèle parfaitement à l’époque à laquelle il vit. L’extrême pauvreté causé par les élites américaines et la haine raciale et ségregationnelle avec une émancipation noire tout juste récente acquise en 1973 grâce à des acteurs tel que Malcolm X, Elijah Muhammed et surtout Martin Luther King Photo marque les peuples minoritaires des quartiers. Si les thèmes de l’époques furent une émancipation ethnique et sociale, ils se juxtaposèrent parfaitement au rap. Ces personnes compactées dans les quartiers pauvres en plus d’etre marginaliser tendent donc plus facilement à tomber dans les vices qu’offrent ces quartiers, répliquant donc ainsi aux difficultés pour réussir dans la vie lorsque l’on vient de ces milieux. Des artistes comme Mobb Deep, Jay-Z, le Wu Tang Clan Fat Joe, Notorious big ou encore Tupac   le retranscrivent parfaitement. De plus, en ayant vécu une grande partie de sa vie dans la pauvreté, ces rappeurs se sentent donc obligé de montrer leurs richesses de manière ostentatoire comme une revanche sur la vie. La richesse étant souvent associé aux vices, s’en suivra donc la drogue et les femmes.


De la découle donc la vision anarco libéral et entrepreneurial des rappeurs. La personne représentant le plus cette image est le rappeur Booba. Tantôt étiquette en tant que misogyne ou en tant qu’apologiste du gangsta rap. Le rap venant Etats Unis, Booba s’est donc abreuvé de cette culture, il utilise donc le lexique environnant de cette culture. En reprenant les termes de Kemi Seba, Booba fait de la black music et sait etre malléable en fonction de l’époque. Le fait de montrer ses richesses, parler à longueurs de morceaux de « biatchs » fait parti de codes malheureusement nécessaire pour faire parler de lui . Ce n’est pas pour autant qu’il traite l’ensemble de la gente féminine comme telle. La vie et la réalité sont durs, tout comme le rap. Bien évidemment qu’il n’a jamais été le gangster qu’il prône etre dans ses musiques mais c’est la tout l’art de la chose c’est-à-dire retranscrire une réalité des quartiers dit sensibles. Les véritables gangsters ne rappent pas ou plus si ce n’est dans leur début comme les rappeurs de Chicago avant de gagner de l’argent grâce à la musique.


Le "money phone"


Booba tout comme un artiste comme Freeze Corleone prônent donc la réussite individuelle et le reniement du système classique salariale en ayant été désabusé par cette vision coercitive. L’un étant Franco Senegalais et le second Italo sénégalais, ils se sentent donc ancrés dans la culture afro dissidente :  Citation de Freeze Corleone rappeur du collectif 667

Freeze Corleone membre actif du 667


« J’prends le biff J’investis en Afrique S/o Akon. »


« J’attends le projet blue beam s/o a la nasa » : “Le projet Blue Beam de la NASA est une stratégie pour imposer la religion du Nouvel âge avec ” l'Antéchrist “ à sa tête. Derrière cette formulation religieuse se dissimulerait un plan scientifique mettant en œuvre des technologies spatiales high-tech. La religion mondiale unique serait la fondation même du nouvel ordre.”

C'est pas hyper killu tout ça.


« Tous les jours RAF de la Shoah, Gaddamn S/o Congo » : "Plus de 6 Millions de mort au Congo."

« Dans le rap jeu je percois la presence de Satan comme dans le casino » "Certains disent que les acteurs du Rap Game pervertissent les jeunes, en promouvant des valeurs comme l'argent, le luxe, la violence ou les “filles faciles”. Ces rappeurs serviraient donc Satan, consciemment ou non."


Le ton et les valeurs rapologiques sont donc ancrés, la plupart des rappeurs sont croyants tout en adoptant le mode de vie américain, notamment dans le style vestimentaire et le rapport à l’argent dans un pays ou parler argent reste majoritairement tabou. Le rap brise les mœurs pour installer des codes nouveaux. Il prône la transgression et le dépassement de soi se caractérisant dans la plupart des cas par des prises de positions drastiques et non conventionnelles tels que celle de Booba, Casey ou même PNL.

PNL, un groupe de rap composé de Ademo et N.O.S, deux rappeurs frères originaires des Tarterets prônent tout comme le firent le groupe lunatic composé de Booba et Ali l’anarco libéralisme. Ils mettent en avant l’enrichissement peu importe les manières sur des instrumentales apaisantes, rendant ainsi la chose encore plus marquante. Le Monde ou rien, que je considère personnellement comme étant le nouveau « Le crime paie » : 

-"J'rentre coke dans les poches quand petit frere part à l'ecole" "Ademo deale pour faire de l'argent pour que sa famille ne manque de rien et s'assure que son petit frère ne soit pas obligé de suivre la même voie que lui.
On peut penser, vu la mentalité du groupe, qu'il se sacrifie pour qu'avec son argent, le cadet de la famille puisse continuer les études !"

- "La famille a faim pas le temps de raconter ma life treve de balivernes" : "Reprenant un thème récurrent dans la discographie de PNL, Ademo avance le fait que s'ils bicravent c'est avant tout pour pouvoir soutenir leur famille financièrement.
Il doit donc dealer pour que sa famille puisse manger et survivre ; raconter sa vie est une perte de temps ; le temps, c'est de l'argent." 



Ils affirment tout comme le ferait Sefyu leur amour pour leur famille en se revendiquant « QLF » (Que La Famille ou Only The Family de Lil Durk), faire tourner l’argent en famille et cela peu importe les moyens (notamment la vente de drogue)

A l’inverse de la plupart des rappeurs, Ils mènent une vie de dealeur sans la glorifier, sont parfaitement conscient d’être proche de Satan en faisant du rap mais cherchent quand même à s'en émanciper se cantonnant donc de cet état larvé en attendant mieux. Comme le dirait Despo Rutti : « Baise la morale la daronne bicravait de l’alcool » Despo Rutti parlant de la vente d’alcool de sa mère pour financer son arrivée en France. Le rap exalte de par une grande exagération la réussite par des personnes venant d’en bas, désabusé par la tentation constante du vice tout en venant d’un socle familial religieux.

Booba quant à lui, glorifie le fait de faire de l'argent sale temps que la France ne rendra pas ce qu'elle doit à l'Afrique :



 "400 ans c'est trop long "400 ans que l'esclavage des noirs a commencé, et la discrimination raciale fait qu'une certaine forme d'esclavage est toujours présente.

"Comme dans le cul de J-Lo, ces fils de putains nous l'ont misent quand la premiere galere a pris l'eau" "Jennifer Lopez est réputée pour la forme de ses fesses, ce qui suppose que quelques hommes ont du prendre du plaisir avec.
Pour Booba, c'est plutôt de la frustration d'être arrivé dans un pays comme la France qui n'accepte pas vraiment la diversité."
"Déraciné ma terre est sous mes baskets" [...] "Dépouillé en toute impunité alors on fait du fric sale essais de s'amuser" C'est ensuite une phase entièrement engagée sur l'Afrique qui s'écoule.
La “race” de Booba : le peuple de l'Afrique sub-saharienne.

Celui-là même qui s'est fait exploiter pendant plus de 400 ans par toutes les autres “races”.
D'autant plus que l'hisoire du Noir est très liée à celle de l'esclavage (crash-test), l'Afrique se voyant dépouillée de ses habitants et abusée par les collons exploitants.

N'oublions pas le terme “Déraciné” qui montre bien la déplacement forcé des peuples dominés par la Traite négrière.

Malgré tout, la suite vient équilibrer cet aspect de délocalisation :
Ma terre est sous mes baskets
Métaphore visant à montrer que le rappeur a conservé l'africanisme de ses ancêtres dans son coeur, que jamais il ne sera vraiment coupé du Berceau de l'Humanité.
OU
Il se pourrait qu'au contraire, vu qu'il est déraciné, il n'a pas de terre.

Ni l'Afrique d'où on l'a arraché, ni la France.
Du coup sa seule terre serait celle sur laquelle ses pieds sont posés

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