Freeze Corleone et la censure récurrente du rap français

 




Ce mardi 15 septembre, une polémique concernant le rappeur Freeze Corleone a éclaté dans laquelle la LICRA a invectivé ce dernier en le qualifiant de rappeur antisémite. Le rappeur d'origine italo-sénegalaise à sorti son album "La Menace Fantôme" à la date funeste du 11/09. On observe donc chez lui par le titre de son album ainsi que son delivery une volonté d’être provoquant et de suscité un intérêt particulier chez l'auditeur; le poussant ainsi à réaliser ses propres recherches à propos des thèmes évoques par le rappeur. Pour faire permettre comprendre les enjeux de la polémique auquel le rappeur doit faire face, faisons tout d'abord une légère rétrospective sur le contenu délivré par Freeze Corleone. 




Issa Lorenzo Diakhaté est né le 06 juin 1992 aux Lilas. Il a grandi entre Dakar (où il a été au lycée), la France et le Canada. Il rap depuis plusieurs années déjà, on peut même retrouver sur Youtube des freestyles datant de son époque lycée où l'on y apprend qu'il est issu d'une filière S. Il a fondé avec Jorrdee (rappeur issu de Lyon) le collectif 667. Collectifs aux multiples acronymes que ce soit NRM (Nouveau Rap Mondial), MMS (Mangemort Squad), LDO (Ligue Des Ombres) ou encore plus communément appelé "la secte" ou "le clan". Ces rappeurs sont issu de Paris ou Dakar. On ne peut donc pas présenter Freeze sans présenter le groupe 667. On y comprends : Doc OVG, Osirus Jack, Slim C, Norsacce Berlusconi, Black Jack, Afro S, Kaki Santana, Moh Money, Odeuxzero (ancien membre), Lala Ace (ancien membre), Jorrdee (ancien membre), Savage Martin, Sobek le Zini, Congo Bill. On retrouve à la fin de leur pseudo les chiffres 667. Un chiffre de plus que le 666 qui est affilié à la bête dans la religion et l’eschatologie musulmane, annonciatrice de la fin des temps en islam comme dans la chrétienté. 

"Aussi sur qu'additionner 6 6 7 donne 19" Phrase de Ali dans le son "Civilisé", 19 étant un chiffre très important en Islam car il caractérise le début et la fin, le 1 et le 9.



Le groupe aborde donc des thèmes assez peu évoqués dans le rap français actuel comme les complots, l'histoire,l'antisionisme, le panafricanisme, la spiritualité ou encore l'importance de la religion. L’atmosphère ambiante du groupe est donc marquée par des phases sombres comme : 

"Tous les jours RAF de la Shoah, Gaddem S/o Congo" "S/o Congo - FDT (2016)"

"Lunettes quartier comme un blanc raciste" "Tarkov - LMF (2020)"

"On arrive dans des allemandes comme des SS" "Mode avion - FDT (2016)" 

"Merde de fin des temps je distingue plus homme et femme, je me sens comme Goku petit" "Mage Noir - FDT (2016)"

"On les fouette de ouf comme des négriers" "Tarkov - LMF (2020)"

"La plupart d’mes négros sont pratiquants/Aucune saveur négro, tes sons sont pas piquants"  "Gaucho (2016)"

"Goddamn, ils vendent leurs âmes pour des 8000 ventes/Mes nègres ont la dalle comme s’ils avaient 8000 ventres."  A"Apu (2016)"Afd

"Nique un sioniste comme BHL." "Fentanyl - PBB (2018)"

"J'suis à Dakar t'es dans ton centre à Sion, S/o les indiens d'Amérique, S/o l'esclavage RAF des  **** "(je vous laisse deviner la suite)  "Hors ligne - LMF (2020)"

"J'en ai marre de tous ces négros comme un suprématiste blanc, j'veux baroder au bled dans une foreign de vieux raciste blanc" "LRH - PBB (2020)



    « Dans le rap trop de Cohen » – Osirus Jack




"Hors ligne" de Freeze Corleone :




Le rap de ce groupe se veut donc anti-système et joue beaucoup sur l'humour noire, la satire, le cynisme et des multiples références notamment aux rappeurs français comme américains que ce soit : GFG, Alpha 5.20 et Shone d'holocost, Despo Rutti, Nubi, Mac Tyer, Booba, La Caution, Oxmo Puccino, Lil B, Gucci Mane, Fredo Santana, Chief Keef, NLE Choppa, Kodak Black, Glokknine... Tout cela pour faire pour faire passer des messages. 

Maintenant que nous avons détaillé l'univers de Freeze Corleone, revenons sur la polémique qui l'entoure. Jeudi 17/09 au soir, le parquet de Paris à ouvert une enquête. Dans un communiqué, le procureur de Paris Rémy Heitz,  déclare avoir pris l'initiative d'ouvrir une enquête portant sur différents clips et chansons de Freeze Corleone pour provocation à la haine raciale et injures à caractères racistes.  Le gouvernement a quant à lui annoncé la saisie de la justice pour clip à caractère antisémite et négationniste. 

Le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) Frédéric Potier avait indiqué avoir fait un signalement auprès du procureur de Paris après avoir recensé neuf passages qui constitueraient une incitation à la haine raciale, selon une saisie faite en vertu de l'article 40 du code de procédure pénale.






Une cinquantaine de députés ont appelés au boycott du rappeur se disant profondément choqué par ses propos. Christophe Castaner y est même allé de sa pâte en indiquant avoir saisi le procureur après la vision de ce clip "intolérable". Ces élus demandaient au ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti «d'agir pour que l'auteur de ce clip abject soit puni».





Ces derniers ont ajouté qu'ils ne pouvaient laissés passer cette haine raciale sous couvert de "liberté d'expression". Le problème est bien là et est même présent depuis des années déjà. On parle de ne pas laisser un artiste s'exprimer sous couvert de blasphème alors que ces mêmes députés laissent le blasphème se faire lorsqu'un Eric Zemmour revendique son profond dégoût pour la religion musulmane ou lorsque Charlie Hebdo caricature le prophète. Un procès d'intention est attenté envers l'artiste sans même l'avoir laissé s'exprimer sur ses textes. 

S'ils avaient réellement écouté en profondeur les paroles, ils se seraient rendus compte qu'il fait beaucoup références à l'esclavages et la colonisation (même si on sait que les noirs n'ont aucun pouvoir dans ce pays) et que le moyen utilisé pour dénoncer n'est pas une fin en soi. Ce n'est pas parce qu'il dit qu'il n'en a rien à faire de la Shoah qu'il est antisémite. Il précise justement derrière qu'il n'a cure d'un génocide que l'on nous rabat à longueur de journée alors qu'aucun média ne partage le génocide au Congo qui a fait plus de victimes. 


"J'ai des rimes à prendre avec des pincettes" "Pas de refrain - LMF (2020)"


Freeze nous rappelle donc qu'il ne faut pas prendre ses rimes au pied de la lettre et qu'il faut savoir prendre une certaine distance critique pour analyser les rimes au premier et au second degré. Il n'est aussi pas le seul à avoir été censuré ou boycotter, cette polémique n'est pas sans nous rappeler le rap du début des années 2000 ou les rappeurs n'avaient pas peur de sortir des phrases choquantes mais véridiques. Despo Rutti, Alpha 5.20 ou encore Mac Tyer ont essuyé des poursuites judiciaires pour des phrases issues de leur texte. Despo a été poursuivi en justice pour son clip "arrêtez" dans lequel il dénonce les violences policières dans les quartiers. Mac Tyer à quant a lui subi des anathèmes pour avoir dit "je baiserai la France jusqu’à ce qu'elle m'aime." Ces phrases chocs pouvant choqué l'auditeur moyen ont en réalité un réel sens lorsque l'on prend le temps de se pencher dessus. Le rap est aussi un rap qui dénonce et qui sait le faire de manière a la fois subtile et direct.

On a aussi récemment observé que les morceaux S/o Congo 2 et Baton Rouge ont été supprimé de la plateforme Deezer. Rap catéchisme et Freeze Rael supprimés de Youtube. Les multiples pressions exercés par les lobbys juifs permettent en ce moment même de censurer Freeze Corleone. On ne sait pas encore jusqu’où cela peut aller. 

 










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