La déchéance du rap français
Au cours des dernières années, le rap est devenu la musique numéro une dans le cœur des français et voir même le monde. Cependant, le fait que cette musique dite urbaine prenne autant en popularité donne forcément à une certaine boboisation, une fétichisation et une gentrification de ce modèle particulier. Cette article ira donc aux antipodes de mon article concernant les valeurs véhiculées par le mouvement ( lien ci dessous : https://lavulgatefactice.blogspot.com/2018/07/les-valeurs-vehicules-par-le-rap.html). Avant de rentrer dans le vif du sujet, Rappelons donc ce qu'est la rap.
Le mouvement hip-hop a vu son essor dans le début des années 70 avec le breakdance, les graffiti, le beat boxing et le rap. Entre incompréhension, clichés et anathèmes constant, les médias ainsi que le citoyen lambda se cantonneront aux premières facettes de ce mouvement, donc à la surface émergente (drogue, sexe, alcool, argots arabes wolofs ou soninké...) il est important de notifier que le hip-hop avant le rap s’est développer dans un climat de grande austérité et d’extrême pauvreté à la suite de la fin de la période iconique d’essor économique d’après guerre donc de 1945 à 1970 aux Etats Unis.
La grande misère sociale a donc pousser les afro américains à trouver un exutoire dans le hip hop et notamment les Block Party dont Kool Herc fut à l'origine et qui eut l’idée de faire des soirées notamment en implantant des enceintes sur le toit des voitures et les appelant Block Party. Toutes les ethnies du Bronx furent donc réunies pour célébrer le mouvement hip-hop. Les premiers MC vont se dégager de cette sphère ambiante grâce au développement des routines (lorsque les rappeurs échangent entre eux dans un freestyle pour donner de l’interaction).
Le rap en France
Ce mouvement arrive en France dans les années 1990 avec des rappeurs racontant la rue et ses galères, la société et ses dérives. Il fut considéré comme une mode passagère ou encore un épiphénomène sans aucun lendemain mais est présent depuis déjà plus de 30 ans. Avant de parler de la déchéance de ce mouvement et comment il est devenu de manière générale une soupe indigeste, rappelons quels ont été les valeurs qui l'ont imposé en France en prenant comme modèle Booba (encore une fois, Booba a été avec Mac Tyer et Despo Rutti des piliers dans ma vision du rap)
Booba est un artiste clivant qui a réussi à imposer son art, adulé et détesté à la fois il y a tout de meme une chose que l'on ne peut pas lui retirer, sa plume exacerbé et nourri par ses diatribes constantes.
Booba dépeint l'image d'une France et d'une société qui ne veut pas de lui sans forcement le lui dire ouvertement, il joue donc de cette image pour déverser la haine et le ressentiment qu'il peut avoir envers celle ci, cela passe notamment par de multiples dédicaces à son pays d'origine qu'est le Sénégal, une dénonciation quasi constante du colonialisme et de l'esclavage aussi ainsi qu'un constat amer de la vie de jeunes de banlieues qui offrent assez peu d'opportunités. C'est en grande partie sur cela que fut basé le rap des années 90 et 2000.
On sait que le rap est une musique noire mais subit actuellement une dénaturalisation accrue ainsi qu'un white washing dense. Je m'explique. L'essence même du rap que je viens d'expliquer a perdu de sa superbe au cours des années car comme le Rock, la Soul, le RnB tout mouvement qui prends en popularité fini forcément par s'embourgeoiser et être galvauder.
White washing
On sait que le rap est une musique noire mais subit actuellement une dénaturalisation accrue ainsi qu'un white washing dense. Je m'explique. L'essence même du rap que je viens d'expliquer a perdu de sa superbe au cours des années car comme le Rock, la Soul, le RnB tout mouvement qui prends en popularité fini forcément par s'embourgeoiser et être galvauder.
White washing
Le rap d'aujourd'hui a perdu de sa superbe d'une à cause de ce white washing et de deux car l’écriture n'est plus du tout la fer de lance de ces artistes. Parlons du white washing du rap.
Azealia Banks eut déclaré lors d'une interview (https://www.youtube.com/watch?v=uFDS-VEEl6w) que le rap était en train de devenir uniquement blanc. Dans la culture occidentale, le white washing (c'est a dire mettre un visage blanc sur une culture qui ne l'est pas).
Les pharaons ont été blanchi par les historiens. La musique classique, le rock, le RnB, le rap, la Country, la Soul ou encore le Jazz sont des mouvements inventés par les "griots" ou découle de leur héritage. Les griots qui sont des poètes de la rue, des poètes notamment connu en Afrique de L'Ouest.
Cependant, lorsque des personnes noires font de la country, du rock, elles n'obtiennent pas de prix aux grammys. Lorsque les personnes noires font des musiques dans lesquelles on ne les attends pas en dehors du rap, du RnB, du hip-hip ou de la Soul, elles ne gagnent aucun prix. Lorsque les rappeurs gagnaient des victoires il y a de cela 30 ans elles n'étaient même pas montré à la télévision. Le hip-hop qui a la base fut crée pour parler de la lutte de la communauté noire se voit aujourd'hui blanchi pour ne plus laisser place qu'a son embourgeoisement et sa gentrification.
C'est donc de la que nous allons aborder la grande boboisation à laquelle le rap fait face. Attention, je ne dis pas que les personnes non noires ne peuvent pas faire de rap mais qu'elles doivent tout de même participer activement à la culture et non prendre les points positifs pour en délaisser les autres ou ceux qui ne leur plaisent pas.
Gentrification du rap et perdition de valeurs
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Dédicace a RAP ETC |
Pourquoi aujourd'hui parle t-on de rap de iencli ? La plupart des rappeurs dits iencli sont associés au fait d’être blanc même si'il est important de rappeler qu'un rappeur blanc n'est pas forcément "iencli" et vice versa. Par exemple un Alkpote, un Seth Gueko, un SCH ou un Jul n'auront pas cette connotation car leurs propos ne s'y prêtent pas. Les rappeurs dits iencli (Lomepal, Nekfeu, Columbine, Lord Esperanza, Romeo Elvis...) sont des rappeurs qui n'ont pas les mêmes problèmes que les personnes issus de cités. Leur auditeurs ne vont donc pas s'identifier à l'image poisseuse et ghetto du rap mais à une image plus embourgeoisé, plus lisse.
Quand tu t'appelles Jean-Baptiste, que tu habites dans un pavillon du 13e arrondissement ou en Meurthe et Moselle, tu n'as pas forcément envie de t'identifier à du NTM, du Nubi ou du Despo Rutti. Ces rappeurs donc iencli ayant émergé dans les années 2010 leur offre une autre alternative.
Le problème avec cette nouvelle audience est qu'elle ne comprends pas les maux qui ont poussé le rap à émergé dans les années 90 et 2000. Elle prends les problèmes revendiqué par le rap à la légère et ne voit dans le rap qu'un mouvement cool dans lequel elle peut devenir l'espace de 3 minutes 30 un "gangster" tout en allant porter plainte lorsqu'elle est confronté à un litige. Cette nouvelle audience prends les points qu'elle veut chez un artiste tout en oubliant son essence originale.
L'exemple le plus équivoque est la nouvelle audience du groupe "667". Le groupe 667 est un groupe de rappeurs sénégalais parlant majoritairement de ce qu'ils vivent en Afrique. Quand on voit que dans leur concert il n'y a pratiquement que des blancs avec une apparence de Fuckboi, on se dit qu'il y a un problème. Ces personnes aiment le rap du 667 car il est sombre, dark et que ça leur permet ainsi d’être cool voir même élitiste vis a vis du reste du rap français. Cette gentrification reste tout de même normale lorsqu'une culture devient dominante. Clara, 15 ans habitant en province s'ambiance aujourd'hui sur du Koba la D alors qu'elle se serait ambiancé sur du BB Brunes il y a de cela 15 ans.
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